sortilège pour une écorchée

tu t'es assis près de moi en me regardant dans les yeux. tu as attendu que je parle. je t'ai dit mon incompréhension, ma colère, mes doutes, cette animalité qui monte en moi quand l'injustice m'écorche vive.

tu as écouté, c'est tout ...

tu m'as permise de faire vivre avec des mots maladroits ce que tu sais déjà, ce que tu as vu serpenter sous ma peau.

ce tête à tête n'a duré que quelques minutes et j'ai été entendue.

entendue sans que tu cherches à m'aider à mieux vivre mon tourment, sans mots inutiles, sans avocat du diable, sans entrer dans la polémique.

je n'ai rien vu dans tes yeux qui m'ait jugée, trahie ou même approuvée ; j'ai eu plus : tu m'as écoutée avec juste ce qu'il faut de bienveillance pour me bouleverser.

nous entrelaçons nos vies depuis tant d'années ... on a souvent parlé, refait le monde, réinventé le reste, cherché à savoir pourquoi les uns compliquent leur vie et comment nous pouvons nous sentir si différents des autres ...

alors pourquoi ce soir, cet échange me laisse si étrangement calme et détachée de ce qui m'insupporte en ce moment ?

s'il te plait ... envoûte moi encore !